1984 ❝ It’s just a miracle. ❞

« Je suis enceinte… »Partagée entre inquiétude et bonheur, Louise Warren regardait son époux qui déjà se dirigeait vers elle pour la prendre dans ses bras. Elle ne voulait pas se réjouir, trop effrayée par l’idée de perdre ce petit être qui grandissait en elle. Ses peurs étaient fondées, à plusieurs reprises elle avait fait des fausses couches. Si bien, qu’à force, elle avait fini par abandonner l’idée d’avoir un deuxième enfant. Jusqu’à ce petit matin où suite à des nausées à répétitions, elle avait consulté son médecin. Elle était enceinte de plusieurs semaines, c’était une grossesse à risque mais elle voulait tout de même essayer. Quand les premiers signes furent visibles, que son ventre s’arrondit, elle l’annonça à sa fille unique, alors âgée de 18 ans, Lisa. Louise ne s’était pas vraiment attendue à des réjouissances, mais tout de même un peu de soutien de la part de sa fille.

L’hiver a passé, laissant la place à la douceur du printemps puis à la chaleur de l’été. Louise, au fil des mois, commençait réellement à penser que cette fois-ci tout allait bien se passer et alors qu’elle entamait tout juste son huitième mois, elle ressentit de violentes contractions. Elle était seule à la maison, Robert, son époux était en mission à l’autre bout du monde et sa fille, était elle aussi absente. Elle prit le combiné téléphonique et appela les urgences. C’était le 23 Août 1984, il était 16h03 lorsque, dans une maternité de San Francisco naissait Jennifer Alice Warren.

1984-1996 ❝ Because a child is so innocent. ❞

Jennifer a été choyée dès son arrivée au sein de la famille. Elle était le petit miracle, celui que sa famille n’attendait plus. Mais son père, ainsi que sa sœur, ont été très souvent absents de la vie de l’enfant. Jennifer en connaissait les raisons, du moins à sa façon. Son papa était un héros et sa sœur, un génie. Elle se réjouissait à chaque fois que sa mère lui annonçait leur venue et trépignait devant la maison jusqu’à voir leur voiture emprunter l’allée. Elle adorait les moments passés avec son père. Il la faisait rire aux éclats des heures durant et elle avait toujours droit à ses chocolats préférés quand il revenait. Elle prenait tellement son temps pour les manger qu’ils fondaient même dans ses doigts et elle s’en mettait partout. C’était toujours des moments fantastiques, qu’elle n’oubliera jamais. Quand il la prenait dans ses bras pour la soulever dans les airs, quand il embrassait son front doucement, quand il la serrait contre lui et qu’elle écoutait son cœur battre, il n’y avait pas d’autres endroits au monde où elle se sentait plus en sécurité.

A l’âge de quatre ans, la fillette s’était mis une idée bien en tête. Un soir, en rentrant de l’école, elle a rejoint sa mère avant de lui annoncer qu’elle souhaitait faire du judo. A peine haute comme trois pommes, Jennifer regardait sa mère avec une bouille d’ange. La petite était têtue, et c’est ce qu’elle voulait faire. Quelques jours plus tôt sa mère lui avait demandé ce qu’elle souhaitait faire comme activité extrascolaire, Jennifer avait trouvé. Elle n’a jamais arrêté par la suite, une véritable passion. Aujourd’hui ceinture noire, elle a ajouté d’autres sports de combat à sa liste avec le karaté et le taekwondo.

1996-2000 Teenager… So complicated !

L’adolescence et ses expériences, l’adolescence et ses fréquentations, l’adolescence, quel âge ingrat !…
Jennifer a toujours été une élève moyenne. Préférant le judo à l’école, c’est sa mère qui l’a toujours poussée à travailler et à avoir des résultats corrects et satisfaisants. Pas l’excellence, mais juste ce qu’il faut. Avec les années, la brunette est cependant devenue beaucoup plus difficile à gérer, son caractère de feu et l’absence d’un père à la maison n’arrangeant rien. Elle échappait souvent au contrôle de sa mère et toutes les « remontées de bretelles » n’y changeaient rien.

Elle avait 16 ans et voulait, comme beaucoup de jeunes de son âge, braver les interdits et défier l’autorité. Au lycée, elle faisait partie d’un petit groupe de rebelles, elle l’avait intégrée naturellement, suivant sa meilleure amie d’enfance. Là, elle a rencontré Scott. Il était beau comme un dieu et Jennifer est immédiatement tombée sous son charme. Il n’était pourtant pas vraiment ce que l’on peut appeler fréquentable. Mais, que voulez vous, il n’y a pas plus sexy qu’un bad boy… Il a de suite su avoir un certain contrôle sur la jeune femme, qui à l’époque, était naïve et aveuglée par ses beaux yeux et son sourire. Un soir, alors qu’ils s’étaient tous rejoints, Scott a allumé un joint et lui a tendu. Elle a hésité un instant puis a finalement cédé. C’était uniquement pour essayer. Du moins au départ. Une soirée en entrainant une autre, elle a essayé de nouvelles drogues, les a associées à de l’alcool, si bien que la plupart du temps, elle planait et était souvent « défoncée ».

Petit enfant, petit soucis, grand enfant, grand soucis…
Un mot : « enceinte ». Un test de grossesse à la main, elle fixait le signe positif des larmes coulant le long de ses joues. Scott s'éloignait déjà d'elle, passant sa main dans ses cheveux. « Il est hors de question que tu le gardes. » Premières paroles d’un Scott totalement paniqué. Il avait 18 ans, elle en avait 16 et dans huit petits mois, ils deviendraient parents. La jeune femme recroquevillée sur elle-même releva enfin la tête, deux prunelles d’un bleu électrique croisant celles de l’homme qu’elle aimait. « Je n’ai pas d’ordres à recevoir de toi, Scott. Discutons en calmement avant de prendre une quelconque décision… » Le ton monta, Scott ne souhaitait pas discuter, sa décision était prise et catégorique. Lorsque la porte d’entrée claqua, Jennifer ne s’est jamais sentie aussi seule de toute sa vie. Le lendemain, elle tenta de contacter Scott, sans succès. Il s’était barré, il avait quitté la ville. Elle passa des jours, dans sa bulle, pesant le pour et le contre. Il fallait voir les choses en face, elle avait 16 ans, elle était irresponsable, droguée et totalement instable. Ce petit être en elle méritait bien mieux. Elle prit alors la décision d’avorter.

Début 2001. Death is so close...

Un homme en uniforme lui parlait seulement la jeune femme était absolumment incapable de se concentrer sur ses paroles. Le regard dans le vide, une image s’imposait à elle : le corps de sa meilleure amie dépourvu de vie. Elle avait appelé les secours aussitôt qu’elle l’avait vu mais il était déjà trop tard lorsqu’ils ont franchi la porte. Elle venait de décéder d’une overdose. Jennifer ne pouvait s’empêcher de penser que ce corps sous cette house blanche aurait pu être le sien. Elle consommait tout autant et pourtant elle, elle était toujours là. C’est à cet instant qu’elle eut le déclic, qu’elle prit réellement conscience des risques qu’elle encourait. Quelques semaines plus tard, elle entamait une cure de désintoxication.

2001-2011...Finally, I grew up...

Jennifer a finalement obtenu son diplôme. Après avoir terminé les années lycée, la jeune femme n’était toujours pas décidée à faire de longues études. Elle voulait rapidement entrer dans le monde du travail, alors elle a décidé d’entrer à la police. Elle y est restée une année et demi avant que sa candidature au SWAT soit acceptée. C’était un métier qui lui prenait beaucoup de temps, lui en laissant que très peu pour elle, mais elle l’adorait. Elle voulait de l’action, de l’adrénaline et un poil de danger. Elle était servie.

En 2004, sa mère lui apprenait le décès de son père, en Irak. Cette annonce a pas mal chamboulée Jennifer, qui pourtant se montra forte comme un roc devant sa mère. Elle voulait la soutenir, être le rocher auquel elle pouvait s’accrocher. Quelques jours plus tard, elle partit retravailler, l’esprit cependant préoccupé et ailleurs. Par faute d’inattention, elle fut blessée par arme blanche au niveau du flanc gauche. A l’hôpital, lorsque sa mère est venue la voir, elle lui a d’abord passée un savon avant de la serrer dans ses bras. Elle avait eu peur, peur de perdre encore un être cher.

En 2008, Jennifer souhaita se spécialiser en tant que démineur. Son supérieur n’a pas hésité très longtemps avant de lui accepter cette formation. A son arrivée, elle a très rapidement montré ses capacités d’adaptation et de concentration y compris sous pression. Elle s’y est beaucoup investie et a beaucoup apprit au cours de celle-ci.

En 2011, un coéquipier déposait un dossier de candidature devant elle pour entrer à la CIA. Ils postulèrent ensemble et Jennifer fut admise. Après sa formation d'un an, elle a rejoint le service. En tant que nouvelle recrue, elle avait une marraine et quelle fut sa surprise, quand on la lui a présentée. Il s’agissait ni plus ni moins de sa grande sœur Lisa, agent elle aussi au sein de la CIA. Elle avait toujours pensé qu’elle bossait à Washington en tant que professeur mais c’était en réalité sa couverture. Jennifer est ravie de pouvoir passer un peu plus de temps avec sa sœur, qu’elle n’a pas beaucoup cotoyée au fil des années. Au sein de la CIA, Jennifer fait partie de la division Al-Quaïda et a pour coéquipier un certain Matthew Wade.